Tu ressens un malaise au travail ? Tu redoutes les interactions avec ton supérieur ?
On parle souvent de « mauvais managers », mais beaucoup plus rarement de leadership toxique. Pourtant, ce phénomène est bien réel, reconnu scientifiquement, et affecte un quart des organisations dans le monde (Erickson et al., 2015). Ce n’est pas juste un style un peu dur ou maladroit : c’est un mode de fonctionnement nocif, structuré, systématique, et parfois même intentionnel.
Le leadership est lié à la capacité du leader à influencer et à encourager les membres de son équipe à accomplir des tâches spécifiques, dans le but d’arriver à un objectif commun. Ainsi, les leaders ont le devoir d’agir avec une certaine maturité, qui s’exprime par la responsabilité, l’estime de soi, le sentiment d’appartenance et l’égalité.
Max DePree (écrivain et chef d’entreprise) définit le leadership ainsi : “c’est l’art de libérer les gens pour qu’ils puissent faire ce qu’on attend d’eux de la manière la plus efficace et la plus humaine possible.”
Au vu des problématiques aujourd’hui observées dans le monde du travail, force est de constater que tous les leaders ne favorisent pas le bien-être et le soutien organisationnel dont les salariés ont besoin. Et pourtant, on n’a jamais autant entendu parler “d’humain”.
Alors… c’est quoi exactement, un boss toxique ? Et comment le reconnaître ?
Voici les 5 signaux d’alarme qui ne trompent pas.

I) Les 5 dimensions du leader toxique.
Des chercheurs comme Schmidt (2008), Krasikova et al. (2013) ou encore Erickson et al. (2015) ont identifié des traits spécifiques qui définissent ce type de manager. Leur point commun : c’est des leaders plus intéressés par leur image et leur pouvoir que par le bien-être, le développement ou l’équité au sein de leur équipe.
Et surtout : leurs comportements sont récurrents, volontaires et orientés vers la domination. Ils ne « font pas une erreur ». Ils agissent avec une intention claire de contrôle, souvent sous couvert de performance ou d’exigence.
- La supervision abusive.
Le signe : Ton boss t’humilie et te rabaisse régulièrement, toi ou tes collègues. Il a des accès de colère, te fait des remarques blessantes devant autrui, minimise tes réussites ou te ridiculise lors des réunions. Il hurle parfois. Ses feedbacks et ses commentaires sont agressifs et destructeurs plutôt que constructifs. Ça se caractérise par des comportements verbaux et non verbaux, allant jusqu’à l’abus psychologique. Il utilise l’agressivité et la punition pour réduire les conflits.
Pourquoi c’est toxique : Cette supervision abusive détruit l’estime de soi et crée un climat de peur. Un leader sain communique ses attentes clairement et donne des retours respectueux, même lors de critiques.
Ce que tu ressens : Stress, anxiété avant les interactions, perte de confiance en tes compétences. Tu t’autocensures, tu perds ta spontanéité, tu vis dans la peur de mal faire.
2. Micromanagement.
Le signe : Il contrôle tout et étouffe ton autonomie. Impossible de prendre la moindre initiative sans son accord. Il surveille chacun de tes mouvements, impose ses méthodes sans discussion et exige une obéissance aveugle. Tu n’as aucune marge de manœuvre. Il ordonne une rigueur excessive jusque dans les moindres détails opérationnels.
Pourquoi c’est toxique : Le micromanagement bride la créativité et l’épanouissement professionnel. Il empêche le développement des compétences et la prise de responsabilités. Ces comportements s’expriment parfois par de la violence psychologique.
Ce que tu ressens : Frustration, impression d’être infantilisé, démotivation croissante. Tu ne prends plus aucune initiative, tu doutes de tes propres idées, tu te figes et tu obéis.
3. Narcissisme.
Le signe : Il se met systématiquement en avant (à tes dépens) et il utilise la manipulation. Ton boss se perçoit comme grandiose, ses actions comprises. Il est charmant, charismatique et aussi arrogant. Tout tourne autour de son image. Il se croit supérieur à tout et tous. Tes idées deviennent miraculeusement les siennes lors des présentations. Il s’attribue tes succès en méprisant tes efforts, minimise tes contributions et se présente comme indispensable. Il refuse toute remise en question et vit dans une quête de reconnaissance permanente puisqu’il a un manque de considération pour autrui. Il est extrêmement dévalorisant. Il ment souvent et il n’hésite pas à faire du gaslighting, qui est une forme de manipulation psychologique : ton boss te fait douter de ta mémoire, de ta perception ou de ta santé mentale, dans le but de garder le contrôle sur toi. Imagine que tu as clairement entendu ton boss te dire que tu pouvais accepter de rendre un dossier vendredi.
Jeudi, il t’accuse sèchement de ne pas l’avoir rendu “à temps”.
Tu t’étonnes :
— « Mais on avait dit vendredi, non ? »
Et il te répond calmement :
— « Tu te fais des films, je n’ai jamais dit ça. Tu devrais apprendre à mieux écouter, franchement. »
Pourquoi c’est toxique : La personnalité narcissique fonctionne sans empathie et cherche constamment à dévaloriser. Il utilise son équipe comme un tremplin personnel, pour mettre en valeur son égo.
Ce que tu ressens : Injustice, invisibilité, colère face au manque de reconnaissance. Collaborer avec une personnalité narcissique est destructeur pour l’estime de soi et entraine des abus psychologiques importants ainsi que des problèmes de santé comme l’anxiété.
4. Auto-promotion.
Le signe : Promotion excessive de son image et de ses intérêts, recherche d’une bonne réputation hiérarchique, compétition interne. Il fait du favoritisme et crée des clans. Il se met en avant auprès de la hiérarchie et sabote ses collègues. Certains collègues bénéficient de passe-droits inexpliqués, les règles changent selon les personnes, et tu sens qu’il y a des « chouchous » et des « indésirables ». Les promotions semblent arbitraires. Encore une fois, il n’hésite pas à prendre le crédit de ton travail.
Pourquoi c’est toxique : Cette inégalité brise la cohésion d’équipe et crée un environnement malsain où règnent népotisme et jalousies. Tu deviens invisible aux yeux de l’organisation.
Ce que tu ressens : Sentiment d’injustice, démotivation, tensions avec certains collègues.
5. Imprévisibilité.
Le signe : Ses humeurs dictent l’ambiance (et tu marches sur des œufs). Impossible de prévoir ses réactions. Un jour charmant, le lendemain explosif. Il réagit de manière incohérente. Ses sautes d’humeur impactent toute l’équipe et tu adaptes constamment ton comportement à son état émotionnel. Ses comportements inattendus sont toxiques ou agressifs (dans le pire des cas abusifs).
Pourquoi c’est toxique : Cette imprévisibilité crée un stress permanent et un environnement de travail instable. Personne ne devrait avoir à gérer les émotions non maîtrisées de son boss (c’est un abus de pouvoir et de domination).
Ce que tu ressens : Anxiété permanente, épuisement émotionnel, hypervigilance.
Finalement, ces cinq traits, pris isolément, peuvent déjà nuire. Mais ce qui rend un boss véritablement toxique, c’est leur combinaison progressive : ils forment souvent une stratégie inconsciente (ou délibérée) de contrôle, où chaque comportement vient renforcer l’autre.
👉 Le micromanagement alimente l’autoritarisme.
👉 Le flou organisé cache la manipulation.
👉 Le narcissisme s’impose en pilier de l’impunité.
👉 L’absence d’empathie permet de banaliser les dégâts.
👉 L’hyperréactivité émotionnelle décourage toute contestation.
Ensemble, ces traits fabriquent un système dans lequel tu ne sais plus si tu as le droit d’exister, de penser ou d’agir. Et ce système ne concerne pas uniquement le manager : il est fréquemment toléré, ignoré ou renforcé par l’organisation elle-même.
Par ailleurs, un boss toxique n’agit pas toujours seul. Ce qui rend la situation souvent insoutenable, c’est le silence du système autour de lui :
- Des RH qui ferment les yeux ou renvoient à des procédures inefficaces.
- Des collègues qui ont peur de parler ou qui minimisent tes ressentis.
- Une hiérarchie qui valorise les résultats obtenus au prix de la peur, de l’humiliation ou de la pression constante.
Pour conclure, la toxicité managériale n’est pas seulement un écart individuel. C’est souvent un aveu collectif d’échec. Celui d’une culture d’entreprise défaillante, qui laisse le pouvoir devenir maltraitant.
II) Tout leader n’est pas toxique.
Tout d’abord, un manager peut faire des erreurs. On peut tous se tromper et avoir des mauvais jours. Le bon manager, empathique, s’aperçoit de ses erreurs et s’excuse, car mal à l’aise. Il se connaît et a appris à connaître les membres de son équipe. Ses erreurs ne sont pas volontaires ni répétés dans le temps.
Mais ce qui rend un manager toxique, c’est la répétition volontaire et la systématicité de ses actions néfastes ainsi que sa volonté de domination sur les autres, fréquemment pour des raisons d’image ou de pouvoir personnel (promotion, reconnaissance, contrôle du groupe). Comme le précise Erickson et al. (2015), cela n’arrive pas par hasard : cela naît aussi d’un système qui tolère, voire encourage, ces comportements.
Le plus dangereux est lorsque ce genre de personnalité est démasqué. Dans ce cas, les comportements toxiques se répètent et font davantage de dégâts. Par ailleurs, les comportements toxiques se multiplient dès lors qu’ils sont dans une situation d’échec, c’est-à-dire qu’ils n’arrivent pas à contrôler les autres ou qu’ils n’obtiennent pas les résultats qu’ils souhaitent. Ces échecs viennent freiner leurs objectifs personnels, la honte les envahit, leurs insécurités ressortent et la toxicité est d’autant plus forte.
III) Les effets du leadership toxique.
La recherche montre que ce type de leadership :
- Provoque épuisement émotionnel, anxiété, perte de motivation.
- Déclenche des troubles physiques (fatigue, insomnies, douleurs somatiques).
- Génère, favoritisme, clans, et une absence totale de justice organisationnelle.
- Peut mener au harcèlement, à des départs précipités, voire à des comportements extrêmes (Schyns & Schilling, 2013 ; Arshad & Puteh, 2015).
Finalement, tu finis par douter de toi, perdre confiance, t’isoler, te taire… jusqu’à penser que tu es le problème. Alors que c’est un système de domination invisible qui est à l’œuvre.
IV) Les réponses face au leadership toxique.
Si tu reconnais plusieurs de ces signaux de façon récurrente :
- Tiens un journal pour décrire ton ressent, tes émotions, ce que ça provoque dans ton corps.
- Accepte la situation comme elle, n’essaie pas de te battre pour changer les choses.
- Documente les situations problématiques
- Cherche du soutien auprès des RH, d’un syndicat, d’un délégué du personnel, d’un ami.
- Protège ta santé mentale en consultant, si nécessaire, médecin ou psychologue.
- Envisage une mobilité interne ou externe si la situation ne s’améliore pas, ou un départ.
Parce que nommer la toxicité, c’est commencer à s’en libérer. Puisque voir les dynamiques de pouvoir, c’est reprendre du contrôle. Car mettre des mots scientifiques sur ce que tu vis, c’est commencer à accepter l’environnement dans lequel tu es et accepter que tu ne peux pas le changer. C’est le premier pas pour sortir de la culpabilisation.

Conclusion.
Enfin, le modèle universitaire identifie 5 grandes dimensions du leadership toxique. Mais dans la réalité du terrain, il suffit souvent d’un seul de ces comportements, répété, volontaire et ignoré, pour détruire un salarié de l’intérieur.
👉 La manager qui ridiculise publiquement et qui t’isole.
👉 Un chef qui change constamment les attentes sans prévenir.
👉 Le supérieur qui prend le crédit de ton travail semaine après semaine.
Aucun manager n’a besoin de tout le package toxique pour faire des dégâts. Un seul levier de contrôle utilisé en boucle peut suffire.
💡 Tu traverses une situation de management toxique ?
Ne reste pas seul(e) face à ces comportements destructeurs. Ton bien-être au travail est précieux et tu mérites un environnement professionnel sain.
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