Avez-vous ce sentiment que tous vos faits et gestes sont scrutés par votre boss ?
Votre boss vous demande d’être en copie de chacun de vos mails. Il vérifie chaque tâche que vous réalisez. Il vous oblige à lui transmettre chaque dossier pour sa validation : il adore y ajouter un petit commentaire, ou corriger quelque chose d’insignifiant.
Pourquoi ? Pour vous faire comprendre que ce que vous faites n’est pas assez bien. Pourtant, vous êtes compétent. Parfois plus compétent que lui. Et vous êtes responsable : vous savez ce que vous faites et où vous voulez aller.
Savoir manager est une compétence. Le micromanagement est l’expression d’un besoin excessif de contrôle, d’intervention et de surveillance.
Collaborer avec un micromanager n’est pas une situation facile, car il rend vos journées difficiles et impacte votre santé mentale. Il est donc nécessaire de repérer les signaux et les comportements dans le but de se protéger. Dans cet article, nous verrons ensemble ce qu’est le micromanagement et comment le détecter.

I) Qu’est-ce que le micromanagement ?
Le micromanagement est une pratique managériale dysfonctionnelle qui se manifeste, au quotidien, par une accumulation de comportements qui vise à un contrôle excessif du manager sur les responsabilités, les tâches et les décisions des membres de son équipe.
Julie, consultante en recrutement, est toujours obligée de prévenir son manager lorsqu’elle obtient un rendez-vous avec un prospect (qui, quand, où, comment elle s’y rend).
Un manager micromanage à cause de ses insécurités. Par conséquent, ses comportements sont le reflet de ses peurs et de son anxiété. Le besoin de contrôle provient de là. Ses comportements en disent davantage sur ses insécurités que sur votre valeur réelle.
Certains managers usent du micromanagement par mimétisme culturel, car ils ne connaissent que ça, ils ont été eux-mêmes micromanagés toute leur carrière et ils ne sont pas formés.
Dans certaines entreprises, le micromanagement est encouragé par la direction et c’est la norme. Sarah, responsable marketing, micromanage son équipe depuis que sa directrice lui demande un reporting quotidien sur l’avancement des campagnes. Elle répercute cette pression sur son équipe. Elle subit la pression de son manager.
Qu’il soit intentionnel, inconscient ou involontaire, le micromanagement a des effets négatifs sur la performance, l’autonomie et la santé mentale des salariés.
Le micromanagement est malheureusement commun dans les organisations de travail dysfonctionnelles et il est la conséquence d’un leadership défaillant, puisqu’il est toléré, incité ou défendu.
A) Micromanagement : des comportements destructeurs au quotidien.
Un micromanager préfère porter son attention sur les erreurs des salariés plutôt que sur leurs réussites et leurs efforts. Il n’hésite pas à employer des tactiques d’intimidation. De cette manière, il est persuadé qu’il améliore la productivité des salariés afin d’obtenir les résultats désirés. Pour ce type de managers, faire confiance veut dire « surveiller de près ».
Mathieu, concepteur/rédacteur dans une agence de pub, me confiait que sa boss l’appelait plusieurs fois par jour via Teams. C’était de la surveillance déguisée et il le vivait mal.
Voici 7 comportements caractéristiques du micromanager :
- Contrôler, dicter et manipuler le temps des autres.
Il adore gérer le calendrier des membres de l’équipe. - Contrôle et intervention dans la manière dont le travail doit être réalisé. Notamment en ignorant le savoir, les compétences et les idées des membres de son équipe. Il possède une obsession pour le détail et la correction. Il réécrit vos phrases juste pour affirmer sa supériorité, même quand le sens reste identique.
- Utiliser son pouvoir d’autorité pour dominer le salarié.
Il rabaisse systématiquement votre travail, sans jamais valider ou valoriser honnêtement ce que vous faites. - Suivis et surveillance fréquents.
Exiger des preuves ou faire des points constamment sur votre travail, jusqu’à plusieurs fois par jour. - Monopoliser et centraliser le pouvoir de décision.
Il ralentit les processus en obligeant chacun à obtenir sa validation pour pouvoir continuer. Il refuse que vous preniez des décisions stratégiques sans validation préalable de sa part. Souvent il a un style de leadership autoritaire. - Incapacité à déléguer.
Il vous confie une mission, mais reprend la main dès qu’il sent que cela devient stratégique ou visible. Comme si votre succès risquait de lui faire de l’ombre. Il vous donne une tâche, puis en fait une partie à votre place « pour aller plus vite ». Impossibilité de faire confiance. - Résister à l’innovation et à la flexibilité.
Il adhère aux procédures et aux systèmes en place, en espérant que les salariés obéissent à ceux-là, sans dévier.
Un autre trait caractéristique : l’infantilisation.
Une salariée m’a raconté que son manager lui écrivait ses mails sur un bout de papier pour qu’elle puisse les recopier et les envoyer aux clients ! Il vous donne des consignes ultra-détaillées comme si vous ne saviez pas réfléchir par vous-même. L’infantilisation passe aussi par la communication, notamment en remettant en cause votre capacité d’action : « Tu as bien pensé à… ? »
Plus vous êtes micromanagé.e, plus vous doutez de valeur et de vos compétences. Votre baisse de motivation n’est pas un défaut de caractère, c’est la conséquence logique d’un management défaillant qui a des impacts sur votre productivité et votre santé.
B) Micromanagement : des effets négatifs sur les salariés.
Le micromanagement crée obligatoirement un environnement de travail toxique. Lorsque le micromanagement produit un déclin de la performance individuelle et collective puis impacte négativement la confiance ainsi que la santé physique des salariés : c’est un signe que l’environnement de travail est nocif.
Lorsque la relation entre le manager et le salarié devient codépendante, un climat de peur s’installe et il est impossible pour le salarié d’être authentique ou de prendre des initiatives. Il est fréquent que les salariés ayant côtoyé un micromanager se soient sentis frustrés, humiliés et rabaissés sur leur lieu de travail. Et dans la majorité des cas, leur santé s’est détériorée. Un micromanagement continu, entraine :
- Problèmes de santé : fatigue, sommeil perturbé, anxiété, dépression, burnout.
- Augmentation du stress impactant tous les aspects de la vie.
- Doute sur ses compétences.
- Estime de soi et confiance en soi détériorées.
- Absence de motivation.
- Réduction de notre capacité à créer, innover, produire.
- Peur de perdre son emploi, d’être déclassé ou de subir des représailles.
Une entreprise saine sait à quel point il est important de prendre soin de ses salariés si elle veut être performante. Maintenant, posons-nous la question : comment identifier le micromanagement et comment savoir si vous êtes micromanagé.e ?
II) Repérer le micromanagement.
Son insécurité, ses peurs et son besoin excessif de contrôle poussent le micromanager à dépasser les limites acceptables en termes de management de votre travail. Un leader compétent sait que l’autonomie est un élément central de la performance. Outre l’autonomie, c’est aussi laisser les salariés définir leur propre manière de faire pour arriver au résultat qui compte. Les études scientifiques et des expérimentations en entreprise le prouvent.
Ci-dessous, vous trouverez différents signaux du micromanagement montrant que l’investissement de votre boss est peut-être devenu toxique :
- Avez-vous l’impression que votre manager veut valider chaque petit détail avant que vous ne puissiez avancer ? (e-mails, tournures de phrases, une couleur dans une présentation ou alors besoin de faire de traquer votre travail avec des mises au point constamment).
- Corrige-t-il ou reprend-il systématiquement votre travail, même quand ce n’est pas nécessaire ? (avec cette sensation qu’au fond, il ne vous fait jamais vraiment confiance).
- Change-t-il régulièrement d’avis sur ce qu’il vous demande, puis vous reproche de ne pas avoir deviné ses attentes ? (échéances, objectifs). « Je ne t’ai jamais demandé de faire ça », alors qu’il vous l’a demandé la veille…
- Recevez-vous des messages en dehors des horaires de travail avec une attente implicite de réponse rapide ? (et si vous ne répondez pas, vous culpabilisez ou redoutez la confrontation le lendemain).
- Vous arrive-t-il de ne pas savoir si ce que vous faites est bien ou non, parce qu’il ne donne jamais de feedback clair et qu’il utilise des process compliqués qui ralentissent votre avancée ? (ou alors uniquement pour pointer ce qui ne va pas, jamais pour valoriser).
- Vous êtes-vous déjà senti·e rabaissé·e, comparé·e à d’autres, ou humilié·e en réunion ou en privé ? (« heureusement que Julie a fait le taf, sinon on serait encore à la bourre… »).
- Avez-vous peur de prendre des initiatives ou de proposer des idées, par crainte qu’il/elle vous le reproche ou les annule ? (comme si la seule bonne idée, c’était la sienne.)
- Avez-vous la sensation de devoir « marcher sur des œufs » pour éviter des reproches, des remarques passives agressives ou des pics ? (parce que vous ne savez jamais si ça va exploser ou passer).
- Devez-vous mettre votre manager en copie de la majorité des e-mails que vous envoyez ?
- Avez-vous l’impression que votre boss vous espionne, notamment en contrôlant vos horaires à la minute et votre agenda ? (remarque passive agressive pour une connexion à 9h02 au lieu de 9h, fixation de rendez-vous dans votre agenda sans vous prévenir).
Ces questions ravivent de mauvais souvenirs, car j’ai vécu le micromanagement et ça fait mal ! Si vous subissez ces comportements régulièrement sur votre lieu de travail : c’est un red flag 🚩.
Heureusement qu’il existe des stratégies pour se protéger face à ce type de management. L’objectif est de garder une posture professionnelle et de naviguer entre les insécurités et les consignes de votre boss. Vous n’avez pas à tolérer ce type de management. Et surtout : vous n’êtes pas le problème.

Conclusion.
Tout d’abord, le micromanagement n’est pas à propos de vous. Cette pratique ne dit rien de votre travail. Il en dit plus sur les insécurités et les peurs de votre manager qui se trouve dans un état d’anxiété sur son lieu de travail. C’est un rapport malade au pouvoir, nourri par la peur, la défiance et l’insécurité. Le micromanagement tue à petit feu la culture d’entreprise. Malheureusement, les entreprises toxiques valorisent ce genre de pratiques. Parfois, ces comportements sont même encouragés par une direction perverse.
Ensuite, le micromanagement est contre-productif puisqu’il présente plus d’inconvénients que d’avantages. Le micromanagement use et fatigue progressivement.
De plus, un bon manager définit des attentes claires quant à votre travail et vos objectifs. Il vous aide à atteindre vos objectifs en vous accompagnant et en développant vos compétences. Est-ce que votre manager vous soutient et vous permet d’avoir la liberté de trouver des solutions par vous-mêmes ? Ou devez-vous en permanence justifier vos actions ?
Enfin, dans le prochain article, je vous partage des pistes concrètes pour savoir comment agir face à un manager qui vous contrôle en permanence.
👉🏼 Quelle a été votre expérience du micromanagement ? N’hésitez pas à m’écrire ou à commenter mes publications sur les réseaux.
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🙋🏼♂️ Et surtout, n’oubliez pas la seconde partie de cet article la semaine prochaine !